Boursouflé de ribambelles de chœurs « pathos », voix languissantes et guitares trainantes d’effets ecclésiastiques, Grace de Jeff Buckley m’apparaît comme la plus grande imposture de l’histoire du rock’n’roll. Pourquoi élever cet album médiocre au rang de pilier de la musique des années 90s. Belle gueule, chanteur à minettes ou simplement destin tragique ? Les trois mon capitaine ! Ne nous leurrons pas ; c’est dans la mort que les plus beaux mythes rock’n’roll se construisent. Le triomphe de cet album ne se trouve donc pas dans les vocalises d’eunuques à peine supportables du jeune homme mais dans les eaux boueuses du Mississippi. Décédé à 30 ans, tout comme son illustre père, la légende se met en marche. Que serait Kurt Cobain sans le fusil de chasse, Lennon sans Mark Chapman, Marley sans la tumeur ? Veuillez pardonner mon cynisme, mais cet album n’est pas à mettre dans les mains d’enfants de moins de trois ans.
Comment décrire ce 29 mai 1997 ? Journée à double tranchant. Jeff rejoint son père (le glorieux folk-singer de Woodstock. Ce dernier mérite votre considération.) Alléluia, aucune nouvelle galette ne viendra troubler notre pèlerinage rock’n’roll. Malédiction, Grace tournera en boucle jusqu’à ce que mort s’en suive. Ce n’est pas le purgatoire mais ça y ressemble. Quoiqu’il en soit l’industrie musicale n’a que faire du salut de notre âme. A grand coup d’hommages en tout genre, elle parvient à faire exploser les ventes dudit album. Remasterisations, bandes secrètes, possibles adaptions cinématographiques, Columbia a trouvé la poule aux œufs d’or. Osons dire que cet artiste n’aura existé qu’à titre posthume. Un unique album de son vivant contre pas moins de neuf sorties après sa mort tragique (pour nos oreilles). Blasphème ? Soyons impartiaux; Elvis lui-même a vendu plus d’albums six pieds sous terre, qu’en se trémoussant sur scène.
Mais la musique dans tout ça ? Jeff minaude comme un crooner gay des chansons destinées à des adolescentes en quête d’identité. La section rythmique est maniérée et les mélodies débordantes d’écho, chorus et Delay donnant à la galette un effet nostalgique plombant. L’énergie ? Elle n’existe pas, un point c’est tout. On s’extasie sur les talents du multi-instrumentiste. Foutaises. Ce disque est vide. Ni talent, ni âme. Si vous êtes fans de cet album, consultez un spécialiste. Vous souffrez probablement du syndrome skoptique.
Maxence Charavay
2 Comments
D’autant plus que la chanson dite “phare” de cet album n’est autre que Hallellujah vulgarisée par la daube intersidérale Shrek, rappelons-le.
Je me permets un droit de réponse. Attention, Hallelujah est à l’origine une chanson du grand Léonard Cohen. La reprise est assez médiocre en effet. Par contre la version de Shrek est chantée par un certain Rufus Wainwright..
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