The Modern Lovers

Jul 24th 2008
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the modern lovers

« Cherche jeune guitariste fan du Velvet, des Stooges et sachant jouer Roadrunner »

Voilà le genre d’annonce qu’on pouvait découvrir dans n’importe quel fanzine londonien au milieu des années 70. L’Histoire les a oubliées. Dépoussiérons notre discothèque et redécouvrons les Modern Lovers, fer de lance du proto punk au même titre que le MC5, Dr Feelgood et autres Television. Tout commence aux Etats-Unis et ce bien avant les heures de gloire du CBGB. 1973, les Stooges implosent ; problème d’ego dirons nous ; rien de bien « stupéfiant » dans cela. Cependant, l’Iguane a réussi à réanimer un genre de musique divin mais au bord de l’apoplexie, s’attirant sans vergogne les éloges des plus grands spécialistes es rock’n’roll, dont le célèbre, respecté et peut-être moins respectable, Lester Bangs.

Colérique, cette nouvelle génération le devient. Et la légende se met en route. Il ne manque qu’une pièce au puzzle ; Lou Reed. Un mythe urbain tenace trace l’avenir des Modern Lovers et consorts. En voici la clé : peu de gens ont acheté un disque du Velvet dans les 60s mais tous ceux qui l’ont fait ont monté un groupe. Il n’en faut pas plus. Essuyez l’huile de vidange sur votre chemise, faites chauffer les lampes, ayez l’air d’être sexuellement instable et jouer très fort. Pas besoin d’être accordé ou dans le tempo, l’énergie coïtale fait le reste.

Etriqué, transperçant, démangeant, ce disque l’est. N’en doutons point. Rien de plus simple. Prenez un jeune auteur compositeur talentueux et légèrement rebelle, rajoutez un peu de John Cale et vous précipitez l’Histoire. Minimaliste, Jonathan Richman éprouve un rock tranchant et dilettante qui ravira tout une génération de No Future en quête de personnalité. Les guitares crasseuses viennent couramment s’allier à un synthétiseur un rien doorsien. Mais attention, rien de prog : l’amateurisme fait loi… Il ne reste plus qu’à notre troubadour de poser ses pointes d’humour,  d’une voix lourde et ténébreuse, toujours d’un ton décalé : « Pablo Picasso was never called an asshole… (not like you).

La musique des Lovers est tout simplement érectile. Tout rappelle le sexe facile, le dépucelage, la cuite mal maitrisée, le désir de liberté dans une vieille Chevrolet (Roadrunner deviendra un classique punk repris par de nombreux groupes dont notamment les Sex Pistols). I’m Straight, Astral Plane ou She cracked suintent de perversion adolescente. Délicieux. Si vous doutez encore, écoutez Pablo Picasso ; Bowie vous dira lui-même ou se trouve le génie. (La réponse ne se trouve pas dans l’eau d’Evian, vous en conviendrez).

Quand vous aurez écouté ce disque, ne le remettez pas. Inutile. Jetez-le par votre fenêtre, allumez le néon pourpre de votre garage et jouez jusqu’à ce que la Police vienne vous délogez ou que EMI vous signe. C’est vous qui voyez.

Maxence Charavay

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